que l’infortuné me demandait peut-être en vue de me revoir et d’essayer de cramponner son désespoir à ma fidèle amitié, j’écrivis un mot d’excuse à mon chef, et je pris un fiacre au plus vite.
La veille, on m’avait trouvé rue Nicolet un air tout sens dessus dessous, et quelques reproches, ô si affectueux ! m’en furent adressés. Je n’avais pas cru devoir me disculper davantage qu’en attribuant mon un peu « triste figure » à une extrême fatigue due à un excessif travail de bureau, ce chien de bureau qui n’avait même pas consenti à deux ou trois jours de congé avant mon mariage et ne m’accordait, en suite de lui, que quarante misérables heures de répit !
Quand j’arrivai à Passy, je trouvai L… de R… étendu sur son lit, tout habillé, le front percé d’une balle. Ô cette tête, qui avait été belle avec sa pâleur chaude et ses longs cheveux romantiques, cette tête affreuse, violette maintenant, aux yeux encore plaintifs sous les paupières entr’ouvertes, à la bouche grimaçante et de côté, montrant les dents dans une ouverture d’expiration dolente !
Je dus, au plus vite, aller prendre les ordres de la mère qui ne me connaissait que par le bien que son fils lui avait dès longtemps dit de moi… et que l’atroce stupeur plus encore que l’immense désespoir — un fils unique et chéri et qui la chérissait ! — rendait incapable — douloureuse et comme offen-