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confessions


Néanmoins au dehors commençaient à circuler de fâcheux bruits. La paix de l’Europe semblait compromise. Des bêtises impériales et de royales fourberies paraissaient devoir, comme de coutume, être réparées par du sang. On convoquait le ban et l’arrière-ban des jeunes hommes, et la garde mobile à peine réunie, à moitié habillée et non encore armée, faisait au camp de Châlons l’exercice avec des bâtons. Or je faisais partie… sur le papier, de la dernière classe à prendre sur cette nouvelle milice. On n’avait pas encore touché à ladite mienne classe, mais il était question au Corps Législatif de s’en occuper. La peste du Corps Législatif et de la Garde Mobile et de la guerre et du roi de Prusse et de l’Empereur et du prince de Hohenzollern, qui s’en venaient tous à l’encontre et m’avaient tout l’air de menacer, cette fois, d’une manière légale, stricte, bien plus terrible, si possible, que tout le reste, déjà oublié, mon bonheur si proche.

Et mon amour s’en exaspérait d’avantage : qu’allais-je faire peut-être de mal et de vilain ?

Heureusement une diversion survint sous la forme d’un petit voyage de pur agrément.


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