derrière eux, Dieu sait comme ! Mon père était
capitaine du Génie, et chez mes parents c’était souvent
le tour des choses de l’armée, dans les conversations,
et des officiers du régiment aux soirées
hebdomadaires, whist et thé, qui s’y donnaient.
J’étais si fier du bel uniforme paternel : habit à la
française au plastron de velours avec ses deux
décorations d’Espagne et de France, Alger et Trocadéro,
bicorne à plumes tricolores de capitaine-adjudant-major,
l’épée, le bien ajusté pantalon bleu
foncé à bandes rouges et noires, à sous-pieds ! si
fier aussi de son port superbe d’homme de très
haute taille, « comme on n’en fait plus », visage
martial et doux, où néanmoins l’habitude du commandement
n’avait pas laissé de mettre un pli
d’autorité qui m’imposait et faisait bien, car j’étais
mauvais comme un diable quand on me tolérait
trop d’espièglerie.
Ma pauvre mère en savait long là-dessus, que son extrême bonté n’empêchait pas toutefois, si les choses allaient à l’excès de mon côté, d’en venir du sien aux justes extrémités. Plus tard, beaucoup plus tard, quand j’eus grandi, à quoi bon ? vieilli, pourquoi ? elle était coutumière, vaincue à la fin par mon adolescence tumultueuse et ma maturité pire dans l’espèce, de me dire, lors de nos scènes, en forme de menaces auxquelles elle savait bien que je ne croirais pas : « Tu verras, tu en feras tant