Les autres soutenaient dignement la lutte dans la
plaine, Dierx et ses Lèvres closes, succédant, bien
plus parfaites encore et qui marquèrent magnifiquement
son apogée, à des Poèmes et poésies qui
avaient promis et tenu ; Valade et Mérat, frères
séparés, non désunis, après avoir donné, dans un
duo printanier. Avril, Mai, Juin, chacun sa note,
chantant l’un ses Chimères, l’Idéal et son Idole, la
Femme, l’autre flûtant À mi-côte, de délicieuses et
parfois mieux que profondément mélancoliques
églogues ; Heredia avec ses sonnets qui l’ont fait
sans égal possible dans cette forme qu’il préfère,
tout en maniant l’épopée superbement encore, enfin,
Mendès, exubérant, enthousiaste, mais déjà sachant
dominer, gouverner sa forme et sa pensée et certes
alors, par son esprit séduisant mais impérieux de
propagande, quelque chose comme le maître, tout
en restant leur bon et fraternel camarade, de ces
jeunes esprits eux-mêmes exhubérants et enthousiastes !
On se réunissait chez Leconte de Lisle le samedi,
chez Banville le jeudi, en des soirées toutes à des
conversations d’art et de poésie que l’esprit caustique
du premier pimentait de « truculente et portenteuse » sorte, et que salait combien délicatement
l’ironie toute plaisante de l’autre maître. Plusieurs
d’entre nous fréquentaient chez l’admirable Nina
de qui j’ai parlé de-ci de-là, insuffisamment :