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confessions


Et quand le soir viendra, l’air sera doux
Qui se jouera, caressant, dans vos voiles
Et les regards paisibles des étoiles
Bienveillamment souriront aux époux.


Mais il me semble de mise puisque précisément me voici en train de citations miennes, de bien, avant de me plonger dans toutes les profondeurs de mon étrange vie privée, préciser ma situation littéraire à ce juste moment. Les Poèmes Saturniens, contemporains du Reliquaire (les deux recueils parurent le même jour de 1860), avaient eu, comme d’ailleurs, le livre de mon cher ami François Coppée, une fortune diverse : pas mal de revues et de journaux, mortes et morts depuis, leur distribuèrent, quelques-uns à profusion, l’éloge incompétent (me semblait-il alors et me paraît-il encore) ou le blâme sans discernement ni grande bonne foi plutôt. D’autres, par l’organe de gens sérieux, Roqueplan, Yriarte et tutti quanti nous encouragèrent vraiment. Sainte-Beuve, par exemple, prit la peine de m’écrire à plusieurs reprises minutieusement, preuve qu’il s’intéressait, et dans une visite que je lui rendis en compagnie de Coppée, fut bien intéressant. Je le vois encore, avec sa tête d’où l’embonpoint de l’âge avait chassé la laideur initiale ; chauve, rasé, aux petits yeux un peu à la chinoise, au rictus fin encore plus que malin, quoique bien malin déjà. Calotte de noir velours, tout de