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confessions

mais en somme comme résolue, que je jetai la lettre à la boîte. Après quoi, je fis hâte vers la maison plus encore que tout à l’heure vers la poste, comme fuyant un regret de la démarche précipitée, regret qui ne me rattrapa point et ce fut d’un bon cœur léger et tout palpitant d’une chère fièvre que, m’étant remis au lit, je dormis jusqu’à ce qu’on vînt me réveiller à midi pour dîner.

Deux, trois jours se passèrent, mortels, éternels, au bout desquels une lettre de Sivry m’arriva, m’apprenant que, comme moi, il avait mis les pieds dans le plat, que, stimulé par l’imprévu et la carrure tout plein gentille de ma missive, il avait communiqué celle-ci, à sa sœur d’abord, puis à sa mère qui avait cru devoir en référer immédiatement à M. M…, son second mari. (Je parlerai peut-être en temps et lieu, de ces deux personnages si dissemblables en tout et qui ont tant influé sur ma vie…) La bienheureuse lettre ajoutait qu’il y avait lieu d’espérer et m’engageait à rester encore quelque temps à la campagne, où il viendrait, si je voulais, me rejoindre dans quelques jours. Nous retournerions ensemble à Paris, où on verrait les choses de près et ferait tout le nécessaire.

C’était divin et ça commençait à ravir, mon idylle. Et c’est de ce moment que je conçus le plan, si le mot ne vous semble pas trop ambitieux pour un si mince ouvrage, de cette Bonne chanson qui