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confessions

sans préjudice de bien d’autres choses encore bonnes, puis mauvaises !

Elle aimait beaucoup les poètes, du moins elle le disait. Que répondre à cela ? Rien évidemment. C’est ce que je fis, me contentant d’une inclinaison de tête reconnaissante vaguement.

Puis le discours s’engagea pour de bon par cette phrase, encore de politesse, mais moins banalement complimenteuse :

— Mon frère m’a souvent parlé de vous et même m’a fait lire de vos vers qui sont peut-être trop… forts pour moi, mais qui me plaisent tout de même bien.

La pauvre enfant ! Je vous crois que mes vers, les Poèmes saturniens, du Leconte de Lisle à ma manière, agrémenté de Baudelaire de ma façon, et les Fêtes galantes, très justiciables de leur intitulé, devaient lui sembler… durs à comprendre ou plutôt à deviner. Néanmoins, ce coup-ci, elle avait rompu décidément la glace et pour la première fois aussi je pus lui faire entendre cette mienne voix qui devait à son tour tant roucouler, puis vociférer à ses oreilles… toujours étonnées, car je puis dire ici, en toute impartialité calmée après plus de vingt ans, que la malheureuse ne m’aura jamais compris de sa triste bourgeoise de vie.

Et je lui répondis :

— Vous êtes trop bonne vraiment, — et, comme