Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.


IV

Cet état de choses, si l’on peut nommer un tel désordre habituel un état, même quelconque, de choses, durait donc depuis environ quatre longues années consécutives, lorsque m’apparut, dans cette petite chambre du second étage du petit hôtel de la rue Nicolet, — laquelle petite chambre devait devenir mon cabinet de travail, celui où je mettrais la dernière main à la saynète en vers, les Uns et les autres — celle qui devait être ma femme.

J’ai fait son portrait dans un livre intitulé, de sorte assez réussie, Mémoires d’un veuf, livre que je n’ai pas là, titre d’ailleurs purement, ou presque, pour la forme plutôt que pour le fond, car c’est une pure collection de tout petits souvenirs dont celui de ma femme est un des moindres : le temps n’adoucit rien, principalement la rancune, mais il estompe, il embrume tout.

Je reproduis ce portrait de mémoire, avec probablement quelque modification plus douce-amère que dans le texte primitif (lequel texte vraiment primitif est déjà quelque peu altéré dans ces