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confessions

lanthropiquement parlant, je dormais à poings fermés, lorsque, vers neuf heures, heure à laquelle je devais faire mes préparatifs de départ pour le bureau, toilette, bouillon ou chocolat, maman entra dans ma chambre comme elle en avait coutume pour me réveiller.

Elle poussa une grande exclamation qui se sentait pourtant d’une envie de rire et me dit, car le bruit de la porte en s’ouvrant, puis la susdite exclamation m’avaient réveillé :

— Pour Dieu, Paul, comme te voilà ! Tu t’es au moins encore grisé ce soir,

« Encore » me blessa. Je répondis acrimonieusement :

— Pourquoi me dire « encore » ? Je ne me grise jamais et hier encore moins que jamais. J’ai dîné dans la famille de mon vieux camarade un tel, où je n’ai bu que de l’eau rougie et que du café sans cognac après le dessert, et je suis rentré un peu tard, parce que c’est loin d’ici, chez eux, mais je me suis couché bien tranquillement, comme tu peux le voir.

Maman ne répondit pas un mot, mais allant décrocher à l’espagnolette d’une des deux fenêtres de ma chambre un miroir à main dont je me servais pour me faire la barbe, vint me le mettre sous les yeux.

J’avais couché avec mon chapeau haut-de-forme !

Je le répète en toute vergogne, j’aurai plus tard à