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confessions

traite par moi de la modeste mensualité que me faisaient mes parents pour mes menus plaisirs. Une carotte tirée à ma mère, devait récupérer doublement et triplement ce prélèvement, au profit de mes « passions », sur ce budget d’un écolier qui devenait un mauvais sujet.

Le renseignement touchant l’établissement recommandable me fut fourni par un camarade d’une année plus âgé que moi, un nommé F… qui finit, en dernière information, « clarinette » au théâtre des Folies-Marigny. Quant à celui de mes débuts… dans la galanterie, il se trouvait dans une rue bouleversée depuis, la rue d’Orléans-Saint-Honoré, et dans ce bouleversement, disparut. Ce fut une maison d’apparence modeste, aux volets chastement fermés, qui n’avait d’emphatique que son numéro. Le soir, au bord d’un corridor faiblement éclairé, quelque dame fortement décolletée sous son « mantelet » faisait au passant de chaleureux quoique discrets appels, à l’un desquels je me rendis par certain samedi soir de mai, que j’avais obtenu un exeat, exceptionnellement à la coutume de la pension qui était de n’accorder de sortie que le dimanche après la messe.

Je fus introduit dans un salon rouge et or qui avait plutôt l’air d’un café de province, seulement, au lieu de banquettes et de tables, ce n’étaient que poufs et canapés où des personnes, médiocrement