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louise leclercq

perverses, de quelles envies de briser à jamais ce cadre noir et d’en sortir pour quelles fuites ! Et combien de lamentables culpabilités de quelque ordre que ce soit pourraient s’expliquer, sinon s’excuser, par ces motifs tortueux, inavoués, insoupçonnés, de milieux analogues ou pareils ?

La rue des Dames, aux Batignolles, peut servir de type à ces mornes enfilades de bâtisses à suer les revenus… et la santé des braves bourgeois qu’engouffre et pressure l’immense spéculation moderne sur les immeubles. Relativement passante et très commerçante à proportion, elle présente assez de vie normale et de mouvement nécessaire pour ne pas entrer logiquement dans la catégorie de ce que l’on a appelé des coins d’idylle parisienne. Du reste, le quartier lui-même des Batignolles ne prête pas le moins du monde à ces galantes ou sinistres suggestions, tout entier bâti qu’il est pour la location en masse, sans presque de jardins, ni de murs surmontés de branches, ni de ces terrains à gazon, théâtres de bien des scènes qui ne sont pas toujours polissonnes : l’aspect général y est mesquinement bourgeois, cossu pauvrement, rangé, chiche, mais propre autant que possible en dépit des ruisseaux taris, des bouches d’égoûts insuffisamment étroites, et des bornes-fontaines ridiculement rares. Les magasins, sinon beaux, du moins assez bien fournis et point trop mal décorés à l’étalage, nouveautés, merceries,