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les poètes maudits

système et de publier, sinon simultanément (d’ailleurs ceci ne dépend que de convenances éventuelles et sort de la discussion), du moins parallèlement, des ouvrages d’une absolue différence d’idées, — pour bien préciser, des livres où le catholicisme déploie sa logique et ses illécebrances, ses blandices et ses terreurs, et d’autres purement mondains : sensuels avec une affligeante belle humeur et pleins de l’orgueil de la vie. Que devient dans tout ceci, dira-t-on, l’unité de pensée préconisée ?

» Mais elle y est ? Elle y est au titre humain, au titre catholique, ce qui est la même chose à nos yeux. Je crois, et je pèche par pensée comme par action ; je crois, et je me repens par pensée en attendant mieux. Ou bien encore, je crois, et je suis bon chrétien en ce moment ; je crois, et je suis mauvais chrétien l’instant d’après. Le souvenir, l’espoir, l’invocation d’un péché me délectent avec ou sans remords, quelquefois sous la forme même et muni de toutes les conséquences du Péché, plus souvent, tant la chair et le sang sont forts, — naturels et animals, tels les souvenirs, espoirs et invocations du beau premier libre-penseur. Cette délectation, moi, vous, lui, écrivains, il nous plaît de la coucher sur le papier et de la publier plus ou moins bien ou mal exprimée ; nous la consignons enfin dans la forme littéraire, oubliant toutes idées religieuses ou n’en perdant pas une de vue. De