« Autrefois, autrefois, — quand je faisais partie
» Des vivants, — leurs amours sous les pâles flambeaux
» Des nuits, comme la mer au pied de ces tombeaux
» Se lamentaient, houleux, devant mon apathie.
» J’ai vu de longs adieux sur mes mains se briser :
» Mortelle, j’accueillais sans désir et sans haine,
» Les aveux suppliants de ces âmes en peine :
» Le sépulcre à la mer ne rend pas son baiser.
» Je suis donc insensible et faite de silence
» Et je n’ai pas vécu ; mes jours sont froids et vains
» Les Cieux m’ont refusé les battements divins !
» On a faussé pour moi les poids de la balance.
» Je sens que c’est mon sort même dans le trépas :
» Et soucieux encore des regrets ou des fêtes,
» Si les morts vont chercher leurs fleurs dans les tempêtes
» Moi je reposerai, ne les comprenant pas. »
Je saluai les croix lumineuses et pâles.
L’étendue annonçait l’aurore, et je me pris
À dire, pour calmer ses ténébreux esprits
Que le vent des remords battait de ses rafales
Et pendant que la mer déserte se gonflait :
« Au bal vous n’aviez pas de ces mélancolies
» Et les sons de cristal de vos phrases polies
» Charmaient le serpent d’or de votre bracelet.
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