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les poètes maudits

hilarité tout-à-coup secoue pour céder la place aux plus belles intonations du monde, basse-taille lente et calme, puis soudain émouvant contralto. Et quelle verve toujours inquiétante au possible ! Une terreur passe parfois parmi les paradoxes, terreur qu’on dirait partagée par le causeur, puis un fou rire tord causeur et auditeurs, tant éclate alors d’esprit tout neuf et de force comique. Toutes les opinions qu’il faut et rien de ce qui ne peut pas ne pas intéresser la pensée défilent dans ce courant magique. Et Villiers s’en va, laissant comme une atmosphère noire où vit dans les yeux le souvenir à la fois d’un feu d’artifice, d’un incendie, d’une série d’éclairs, et du soleil !

L’œuvre est plus difficile à s’en et à en rendre compte que l’Ouvrier qu’on trouve souvent tandis que l’œuvre est rarissime. Nous voulons dire presque introuvable, tant par, un dédain du bruit, non moins que pour des raisons de haute indolence, le poète gentilhomme a négligé la publicité banale en vue de la seule gloire.

Il commença enfant par des vers superbes. Seulement, allez les chercher ! Allez chercher Morgane, Elën, ces drames comme on en a fait peu parmi les plus grands dramatistes, allez chercher Claire Lenoir, un roman unique en ce siècle ! Et la suite, et la fin d’Axel, de l’Ève future, des chefs-d’œuvre, de purs chefs-d’œuvre interrompus depuis des