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mes prisons

Entre autres souvenirs matérialisés fut, à Mons, l’apparition du

«… Château qui luis tout rouge et dort tout blanc[1]. »


— je veux parler de la prison cellulaire, que je n’avais jamais si bien vue du dehors. Elle est située à l’extrémité de la ville, affectant la forme d’une roue encastrée dans quatre murs constituant un rectangle, le tout terminé par le dôme polygone de la chapelle. La porte d’entrée accotée de pierre grise, a une tournure artistique et joue au gothique assez bien. La patine, peut-être, du temps écoulé et la distance, me la montrèrent alors, comme d’ailleurs le vers dont je viens de citer un fragment, me l’avaient évoqué rouge sang, ces briques qui me paraissaient autrefois, de près et peu d’années après leur emploi, rose pâle presque.

D’ailleurs, tout à mes futures conférences et ruminant rythmes, métrique, rimes, et tout l’embarras de ces sortes de « causeries » sur la poésie française et franco-belge contemporaine, je passais sans trop d’émotion dans cet asile sévère où j’ai tant souffert et tant joui il y a neuf ans de cela.

J’arrive là-bas, je fais mon occasionnel métier d’orateur ou plutôt de lecteur tant bien que mal et obtiens auprès d’un public indulgent tout le succès

  1. Amour, p. 18.