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mes prisons

non comme je ferais aujourd’hui, ressentir — son tort, nulle ne m’eût regardé que je ne lui aie répliqué par une prière intérieure pour le salut de son âme et ce vœu pensé latinément : « Vade retro. »

Ô oui ! je fus, dès cette Assomption jusqu’au jour de ma littérale et matérielle et comme physique, « libération », heureux.

Oui !

Pensez-y : se sentir innocent, se le croire, tout au moins, croire, par-dessus le marché se le savoir ! Innocent, pensez-y donc !

Et je voguai dans cette en sorte de nacelle, — dans ce « bateau » ainsi que blasphémerait le sale esprit contemporain, — jusqu’en janvier quatre-vingt-cinq, le seize, — tel un Don Quichotte, plus bête encore, en partance… pour d’autres moulins à vent.

Je voguai ainsi vers ma « libération » qui n’eut lieu qu’en ce jour humide de ce janvier-là,

La veille, on m’avait remis ma montre (j’en eus une et même plusieurs, devers ces temps et même depuis), mon portefeuille, garni de quelques billets de banque, dont j’étais également coutumier d’être un porteur, ma chemise et son faux-col et de vagues habits élégants.

Maman m’accompagnant, après la levée d’écrou, le serrement de mains des employés du bureau, celui aussi, préalable, de l’aumônier, du directeur