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mes prisons

laires, l’autel et ses accessoires se trouvent au milieu naturellement des boxes destinés aux « fidèles » mais très élevés sur une plate-forme aux quatre coins de quoi se tiennent les gardiens chargés de la bonne tenue et du respect dû au Lieu saint…

C’est même à quoi font allusion mes vers de Parallèlement.

. . . . . . . . . . . .

Vois s’allumer les saluts

Du fond d’un trou.

Les préaux forment une roue dont une rotonde centrale est le moyeu d’où rayonnent en V une dizaine de murs enserrant autant de petits jardinets, assez funèbres, qu’il y a de V en maçonnerie. Un gardien se tient dans la rotonde et donne du feu aux prisonniers, qui ont une heure pour fumer une pipe et se promener en loups dans chacun son préau. Après quoi retour aux cellules, en file indienne, cagoules en tête — et en voilà pour jusqu’au lendemain, à la même heure.

Mais au bout de huit ou dix jours de ce régime peu agréable, si confortable et suffisant, au fond ! je suis appelé chez le Directeur, encore un homme charmant, déjà blanchissant, très bienveillant et à qui je devins sympathique du premier coup.

Veine ! il s’agissait de ma mise en pistole.