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mes prisons

moi, de Bruxelles, le regard errant sur des rues montueuses pleines de foules pauvres, de marchés chétifs, qui grimpent de la ville centrale jusqu’à l’ancienne prison des Petits-Carmes, où je me vis écroué, non sans brutalité, mais, enfin ! débarrassé du cabriolet qu’au sortir de la maussade roulotte m’avait « foutu » au poing un ins-pec-teur, pour le moins, tant ce… salop ! était chamarré d’argent et armé d’un sabre qui n’en finissait pas, — écroué, dis-je, sous la rubrique, qui me fut transmise ès un papier où il y avait imprimé en tête sous une balance avec « pro justitia » en exerge, rubrique écrite par le gendarme qui me remit la feuille d’écrou :

« Tentatiffe d’asacinat. »


V

LES PETITS-CARMES


Quelque chose comme, paraît-il, le « Dépôt » de Paris. Une vaste cour pavée, plutôt longue. D’affreux types en général. Beaucoup d’Allemands, majorité de Belges, naturellement, des Italiens, comme de juste, et trop de Français assez hideux, hélas ! J’arrive là, ahuri, timide et comme ivre encore. D’ailleurs, bien mis, je suis l’objet, de la part de mes camarades ! de quolibets, de ricane-