Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, IV.djvu/406

Cette page a été validée par deux contributeurs.
396
mes prisons

j’étais d’une nuance révolutionnaire des plus foncées, hébertiste, babouviste, que sais-je ? — que l’extrême modération légèrement sceptique et blagueuse, aussi bien, de tous ces dignes travailleurs dont la plupart, je le crains, durent, cinq mois plus tard, expier le coup de soleil de la Commune, exaspérant leur bon sens initial en une insurrection juste, après tout, en principe.

Dans ces conditions, acceptables en somme, mes quarante-huit heures se passèrent vite, et ce fut sans peine, mais en toute sympathie, que je me séparai du citoyen Chincholle, sorte de Doyen de la Maréchaussée (rappelez-vous Dickens et la Petite Dorrit) et de ses en quelque sorte subordonnés, qui m’escortèrent jusqu’à la porte, selon l’usage, d’un vigoureux et retentissant :

Tu t’en vas et tu nous quittes.
Tu nous quittes et tu t’en vas !

Au retour dans mes pénates, on m’accueillit, comme de juste, gentiment, sans oublier de demander comment j’avais trouvé le pâté de perdreaux. À quoi ayant, moi, répondu : « Délicieux ! comme c’est gentil d’avoir… », il me fut répliqué :

— « J’avais, en effet, toujours entendu dire que le rat était une viande des plus friandes. »