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mes hôpitaux

ment, et ce sobriquet délectait beaucoup ceux de nos voisins qui avaient la force de s’amuser.

Or ça, mes hôpitaux de ces dernières années, adieu ! sinon au revoir ; alors, salut ! en tous cas ; j’ai vécu calme et laborieux chez vous. Je ne vous ai quittés l’un après l’autre que pour, en quelque sorte, vous regretter, et si ma dignité d’homme relativement moins, pas beaucoup moins misérable que les plus tristement dénués de vos habitués, et mon juste instinct de bon citoyen ne voulant pas usurper des lits, hélas ! tant enviés par tant de pauvres gens, me précipitèrent souventes, et souvent prématurées fois, hors de vos portes si bénies à l’arrivée, mais pas plus qu’à la sortie, soyez assurés, bons hôpitaux, qu’en dépit de toute monotonie nécessaire, de tout régime forcément sévère et de tous inconvénients inhérents, en définitive, à toute situation humaine, je vous garde un souvenir unique parmi tant d’autres remembrances, infiniment plus maussades, que la vie extérieure m’a fait, me fait encore et me fera subir, sans nul doute, encore et toujours.