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mes hôpitaux

concerne la gent légère que Platon exilait couronnée de rosés : « Il y aura toujours des pauvres parmi vous. »

C’est pourquoi, sans ironie aucune, il sied de féliciter « nos édiles », qui ne sont pas toujours aussi bien inspirés, de leur dernière décision. Les difficiles, qui ne sont pas toujours les délicats, pourraient souhaiter qu’on prît chez nos puissants des mesures pour que les poètes meurent moins de faim, quittes à ne pas, longtemps d’ailleurs après décès, briller en caractères blancs sur des plaques bleues au coin d’immeubles de rapport. Mais, d’abord, le moyen ? Puis, c’est en réalité, — la publicité posthume sur faïence municipale, — tout ce qu’on peut faire pour nous, après nous avoir hébergés ni plus ni moins mal que d’autres déshérités aussi intéressants, somme toute, et n’est-ce pas déjà gentil pour des chercheurs de renommée ?

Mais c’est égal, on eût bien surpris (et encore qui sait ?) Hégésippe Moreau en lui prédisant cette tardive apothéose, presque autant, je gage (et encore, en suis-je bien sûr ?), qu’on me stupéfierait si l’on venait m’annoncer, pour des temps que Dieu sait, une rue.


II


Décidément, tout de même, il noircit, l’hôpital, en dépit du beau mois de juin dont nous jouissons,