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mes hôpitaux

du décret honorant le bon barde de l’Aurore et des Symboles, et ne m’occuperai-je, en cette première Chronique de l’Hôpital, que de la rue Hégésippe-Moreau.

« Rue nouvelle », porte le document officiel. Et bravo ! Un nom de poète, surtout un homme comme celui-ci, sentant bon la grâce et la jeunesse coupées en leur fleur, ne pouvait décemment remplacer tel banal ou trivial écriteau de voie publique.

Et quant à une illustre ou traditionnelle dénomination qu’il se fût agi de débaptiser en sa faveur, ç’a été une bonne pensée que de n’y pas faire servir la mémoire d’un esprit charmant qu’eut désolé le soupçon même d’une pareille brutalité…

Hégésippe Moreau, figure un peu effacée de nos jours, fut un poète, en somme, indépendant de toute école. Sans doute, ses vers, pour la plupart, se ressentent quelque peu, par une sorte d’incohérence, de l’influence du milieu de lettres où il vécut. Mais comment faire, pour un jeune contemporain de tant de gloires souvent contradictoires ? Et l’on peut déplorer son romantisme, ressortissant plutôt de Barthélémy et de Méry que des grands maîtres, et ses trop nombreuses assez faibles imitations du vieux Béranger ; mais la Voulzie, Un quart d’heure de dévotion, la Fermière, Jean de Paris, d’autres poèmes encore, frais, généreux, d’une langue agile