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mes hôpitaux


On s’habitue à cette vie comme monastique, sans, hélas ! l’oraison, et la règle suivie pour elle-même. Le lit vous pénètre. On y vit tout à fait. Même on y pense. Mollement souvent, parfois virilement et noblement. Le poète n’y dort pas, mais dehors c’est la même chose, excepté quand son lit est partagé dans certaines conditions de bonne fatigue. On ratiocine, on finit par ne plus regretter le dehors même ancien et dès lors regrettable au sens des gens non initiés.

Et puis il y a eu des sorties mémorables en ces à peu près deux ans de cette sorte de captivité, moins la stabilité, le prestige ! et le sérieux.

Car, d’une part, grâce à de provisoires ressources inespérées (ô ces ressources, ô cet inespoir, ô ce provisoire !), un voyage à une illustre station balnéaire est réalisé. Une cure — comme pour quelque richard — dans des montagnes qui sont le pied, très respectable, des Alpes, et célébrées par le plus grand poète français avec Villon, Ronsard et Racine, concurremment avec un lac très bleu que, d’ailleurs, notre poète à nous n’a pas vu, faute d’argent pour (excursions en voiture, mais dont il a perçu les brouillards, à mi-côte d’un pic fameux, tel un sourcil dans un sombre visage fantastiquement gigantesque. Douches et bains. Table d’hôte de jour en jour diminuée (la season tire à sa fin) jusqu’à ce que le poète reste seul. Excellent poisson, entre autres particu-