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les poètes maudits


Il entend leurs cils noirs battant sous les silences
Parfumés ; et leurs doigts électriques et doux
Font crépiter parmi ses grises indolences
Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux.

Voilà que monte en lui le vin de la Paresse,
Soupirs d’harmonica qui pourrait délirer ;
L’enfant se sent, selon la lenteur des caresses,
Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer.


Il n’y a pas jusqu’à l’irrégularité de rime de la dernière stance, il n’y a pas jusqu’à la dernière phrase restant, entre son manque de conjonction et le point final, comme suspendue et surplombante, qui n’ajoutent en légèreté d’esquisse, en tremblé de facture au charme frêle du morceau. Et le beau mouvement, le beau balancement lamartinien, n’est-ce pas ? dans ces quelques vers qui semblent se prolonger dans du rêve et de la musique ! Racinien même, oserions-nous ajouter, et pourquoi ne pas aller jusqu’à cette juste confession, virgilien ?

Bien d’autres exemples de grâce exquisement perverse ou chaste à vous ravir en extase nous tentent, mais les imites normales de ce second essai déjà long nous font une loi de passer outre à tant de délicats miracles et nous entrerons sans plus de retard dans l’empire de la Force splendide où nous convie le magicien avec son