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mémoires d’un veuf

avouons qu’elle fut bonne personne au fond. Plus tard même elle daigna reconnaître que nous n’avions pas eu tort, au contraire, et gémit quelque peu, point trop, comme il convient au Crocodile par excellence, sur la déplorable dispersion d’un groupe « convaincu du moins, en ces temps, etc. ».

Je le crois bien, qu’ils étaient convaincus, les Parnassiens, et qu’ils avaient même

« Superbement raison ! »


Certes l’époque actuelle, même en dehors de ces tuantes et puantes inquiétudes politiques, n’est pas à la poésie, et l’on courrait le risque de passer pour un imbécile à trop insister sur cette accablante vérité, mais il faut admettre que l’esprit public — je veux dire, bien entendu, parmi les lettrés — a, du moins de nos jours, plus d’ouvertures et d’aperçus sur l’art de lire les vers ; il en sent le nombre, la musique, et distingue presque toujours les mauvais versificateurs d’avec les bons ; tout lecteur un peu intelligent, d’entre les hommes habitués aux choses de l’esprit, a maintenant ce que j’appellerai l’oreille rhythmique et pourrait dire par exemple : « bonne coupe, rejet oiseux, rimes précieuses, » etc. ; en un mot, l’éducation du public liseur de vers est faite, elle est bonne ou du moins très suffisante, et elle laissait tout à désirer avant que parussent le Parnasse