« Un autre poète, et non le moindre d’entre eux,
se rattachait à ce groupe. Il vivait alors en province
d’une profession savante mais correspondait fréquemment
avec Paris. Il fournit au Parnasse des
vers d’une nouveauté qui fit scandale dans les journaux.
Préoccupé, certes ! de la beauté, mais surtout
de l’intense dans la beauté, il considérait la clarté
comme une grâce secondaire, et pourvu que son
vers fût nombreux, musical, rare, et, quand il le
fallait, languide ou excessif, il se moquait de tout
pour plaire aux délicats, dont il était, lui, le plus
difficile. Aussi, comme il fut mal accueilli par la
Critique, ce pur poète qui restera tant qu’il y aura
une langue française pour témoigner de son effort
gigantesque ! Comme on dauba sur son « extravagance
un peu voulue », ainsi que s’exprimait ce un
peu » trop indolemment un maître fatigué qui l’eût
tant défendu au temps qu’il était le lion aussi bien
endenté que violemment chevelu du romantisme !
Dans les feuilles plaisantes, « au sein » des Revues
graves, partout ou presque, il devint à la mode de
rire des vers magnifiques, de rappeler à la langue
l’écrivain accompli, au sentiment du beau le sûr
artiste. Parmi les plus notoires et les plus influents,
des sots traitèrent l’homme de fou ! Symptôme honorable
encore, des écrivains dignes du nom firent
la concession de se mêler à cette publicité incompétente ;
on vit « en demeurer stupides » des gens
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mémoires d’un veuf