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mémoires d’un veuf

Maria de Hérédia aux fiers sonnets, l’exquis et pénétrant Léon Valade, malheureusement mort depuis, et Mérat (celui-ci, reluctant, pour parler anglais, de ce poète anglais de ton, s’il en fut, à la ville, et répugnant à ce qu’il croyait, devoir dégénérer en une camaraderie compromettante), connus, dès cette époque, dans le petit monde poétique d’alors, c’est-à-dire dans l’entourage de M. Catulle Mendès, par des œuvres vraiment dignes d’intérêt. MM. Sully-Prudhomme et François Coppée adhérèrent bientôt à ce groupe déjà considérable par le talent. Le premier ne faisait dans le salon du boulevard des Batignolles que de rares apparitions ; nature réservée et talent sévère, il se mêlait difficilement, et resta toujours isolé, bien qu’ayant collaboré aux divers Pâmasses dont le premier contient son chef-d’œuvre peut-être les Écuries d’Augias"", où le poète si correct prouva magistralement qu’il n’était dépourvu ni de chaleur ni de couleur. Quant à M. François Coppée, il fut l’âme aimable de ces réunions dont son esprit charmant et sa malice sans fiel firent quelque temps un rendez-vous de choix. Je l’entends encore réciter de sa voix séductrice les exquises délicatesses du Reliquaire et des Intimités. Temps passés, souvenirs d’amitié toujours chers, que du moins ces lignes vous consacrent, vous embaument, et aillent porter un salut cordial au poète qui fut frère d’armes dévoué et si gentiment camarade.