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DU PARNASSE CONTEMPORAIN


Dans des temps reculés, en 1865, car ma mémoire est bonne, il y avait au 45 du passage Choiseul un jeune homme blond, successeur de Perce-pied, le libraire religieux et le marchand d’objets de piété bien connu. Ce négociant, un Normand et presque un lettré de par certaines accointances, le marquis de L… et M. G…, ancien directeur d’un journal « libéral » (on était sous l’Empire), l’Ordre d’Arras, journal disparu sous la république subséquente, M. Lemerre, disais-je, était mû de hautes ambitions typographiques et projetait une réédition splendide des poètes français du XVIe siècle. L’insistance d’un ami, M. B… brouillé depuis avec un peu tout le monde, me fit faire la connaissance du futur éditeur des Poètes contemporains. J’étais lié à cette époque, littérairement et politiquement (je fus républicain et tout le reste en mon temps comme je le raconterai peut-être un jour), avec Louis-Xavier de Ricard, fondateur et rédacteur en chef d’une revue positiviste, morte de la jeunesse des rédacteurs et de la police impériale, et poète de l’École de Quinet,