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mémoires d’un veuf

est un garçon perdu ! Ses mœurs plus que déplorables n’ont d’égales que les pires du monde.

Tout cela, par exemple, candidement. La chair et le sang sont seuls forts en lui, — mais très forts, et si logiques !

C’est pourquoi il se fait entretenir par le premier sujet de l’autre sexe (que nous nommerons Frédérique) une pas trop grosse blonde fraîche et ferme, — sans y entendre malice, ô non ! mais il trouve cela bien bon, bien bon, et d’autant meilleur que la belle n’a eu pour lui, dès la première rencontre, pas plus de rigueurs qu’elle n’avait fait de manières, et l’aime comme aiment ces femmes-là quand elles s’y mettent, sans pensée de derrière la tête ou d’autre part, les bras grands ouverts, à pleines lèvres, de tout corps.

Et pour comble de mauvaise conduite, Gaspard persiste à fréquenter les jeunes gens dépravés dont il a été question plus haut, tous jolis, gais, amicaux, mais joueurs comme les dés et coureurs comme des dieux.

Quelle mauvaise compagnie que cette bande joyeuse !

Chacun de ces petits débauchés a une maîtresse qu’il change contre celle du prochain sans plus de gêne ni de mystère que s’il s’agissait de se battre en duel. Et ce pauvre Gaspard, — outre la Frédérique qui est pour lui la soupe et le bœuf et un peu