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mémoires d’un veuf

de Jaffa, les Adieux de Fontainebleau, toutes ces choses grandes, défilent tour à tour splendides et douloureuses. Mais rien pour le haut intérêt ne vaut les différentes Napoléon à Saint-Hélène, pâture des forts et délices des cœurs sensibles !

Oh ! le chemin de la croix — pire ! C’est tantôt le Rêve sur la falaise, façon Ossian, où défilent dans un nuage les chers maréchaux du vaste martyr qui crispe un poing sur sa cuisse et ingère l’autre dans son œil en larmes, tantôt c’est Longwood et ses affres, Las Cases écrivant le Mémorial sous la dictée d’une robe de chambre et d’un foulard de tête, tandis qu’au dehors le hideux Hudson-Lowe donne une consigne atroce à un sanglant fonctionnaire.

Et puis c’est le Saule !…

Fuyons ces émotions à la fin trop fortes et revenons aux sujets humbles : aussi bien le Convoi du pauvre et la Dernière hirondelle ou Modiste et Poitrinaire clôront à merveille ce petit voyage à travers l’histoire, la philosophie et la vie illustrée, — nous laissant dans l’âme cette impression de douce mélancolie qui parachève seul le vrai bonheur, par une opération réciproquement contradictoire au Nescio quid amarum du célèbre hexamètre latin.

Six heures ont sonné. Le soleil couchant rougit la