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mémoires d’un veuf

cuvette pleine d’eau où il se lava les mains. L’eau se teinta de rose et nous rîmes encore plus de le voir rentrer, ce fantoche, en se courbant très bas sous la porte du pavillon dont il ressortit presque aussitôt coiffé d’un chapeau de toile cirée, soutenant péniblement un cercueil apparemment plein dont un autre homme au costume et à la coiffure analogues suait à maintenir l’autre extrémité. Tous deux enfilèrent une étroite allée de treillages, une vieille femme en chemise qui pleurait, jeta sur le crottin des plates-bandes le contenu de la cuvette, et le magot de la Chine en grinçant nous tira la langue sans que cette fois nous eussions envie de nous réjouir d’autre chose que de cette misérable vie humaine qui a toujours le mot pour rire et sait comme un acteur consommé préparer ses effets sans trop d’emphase.