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mémoires d’un veuf

passage voûté très noir, très long, humide et étroit comme un tunnel, avec des odeurs d’urines, — où je redoute de m’engager, crainte des voleurs. Mais ceci rentre dans les cauchemars purs et simples et je passe outre. Quoi encore dans ces villes ? Ah ! des restaurants où je m’indigère, des gens très autrefois connus que je retrouve et que j’appelle par leurs noms, oubliés au réveil, — et c’est tout, tout. Est-ce bien en pleine campagne où à la sortie d’une de ces villes de Nulle-part que j’ai affaire à une chaussée bordée d’arbres extrêmement hauts, dépouillés, tout noirs — et d’où, sans qu’il fasse de vent, tombent à chaque instant des branches sur un sol humide qui éclabousse ?

Et puis ici, tout s’évapore. La mémoire avec.