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madame aubin

entendait notre fugue innocente encore et dont un peu d’énergie m’a aidée à conserver le caractère de folie sans plus. — Mais quoi, tandis que je me redis ces choses, deux hommes aimables qui m’aiment tous deux et dont décidément j’aime mieux l’un, mon mari, se battent pour moi, ô misère ! comme si j’étais une fille. Et au fait ! Ô punition ! Moi, moi ! Quelle angoisse, et quelle situation ! Et l’avenir ? Pourtant cette douce parole d’Aubin tout à l’heure… Je n’en suis que plus misérable d’attendre si lui ou l’autre… J’ai tout de même résisté ; et il y a eu un moment où j’y ai eu du mérite. Mais ce voyage ! Et cette attente ! — Mon Dieu, vous à qui l’on doit croire malgré toutes les stupides opinions des gens d’aujourd’hui, mon Dieu, ayez pitié de moi dans ma misère !

Long silence pendant lequel elle reste prostrée.

Scène IV

AUBIN, blessé à l’épaule, rentrant soutenu par un officier d’état-major.

Voilà qui est fait. Madame Aubin, je vous présente un de mes témoins.

S’adressant à l’officier.

Monsieur ?…