Peur du passé d’abord. Peur ! Remords à cause du passé. En définitive, et certainement, mon mari ne méritait pas tout cet outrage. C’est un homme à défauts certes, à vices peut-être même. Mais c’est l’honneur et la droiture mêmes. Et j’y pense maintenant, ces dissentiments entre lui et moi doivent être venus de moi plutôt, enfant gâtée et jeune fille trop libre que je fus avant mon mariage avec cet honnête, avec ce galant homme…
Laissons Aubin de côté. Qu’est-ce enfin que vous voulez dire et que voulez-vous faire ? Retourner à Paris et à votre ménage laissé ?
Je n’en sais rien encore. Mais ne me coupez pas à chaque instant la parole et vous serez de mon avis. Non, mon mari ne doit pas subir ces choses sur son honneur et sur son nom. Et c’est vrai que j’ai peur du passé. Je viens de vous dire comment et pourquoi. J’ai peur de l’avenir aussi. Ou plutôt non. C’est le présent qui m’effraie, oh sans m’épouvanter, monsieur ! Car l’avenir, j’en réponds et il sera conforme au vœu de ma conscience enfin réveillée.