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pierre duchatelet

réminiscences classiques, ces bons, ces forts conseils du Collège à l’Adolescence,

Dulce et decorum pro patria mori !

C’était surtout cette attente de la mort pour la France, un doux espoir comme la France, comme le nom de France, doux comme la chère langue française, doux comme les souvenirs d’enfance et de jeunesse, qui lui faisait battre son cœur fortement, mâlement, délicieusement.

Ah ! oui, mourir pour tout ça, rendre tout ça, en sang, à la Terre qui vous berça, qui vous nourrit, qui vous gâta, vous, vos parents, vos amis, vos fils, et bercera vos arrière-neveux, ah ! c’est bon, c’est bon, c’est bon !

Et puis, que c’est beau, aussi !…

…Le tambour battit, le clairon sonna, quoi ? la retraite !

Cependant des hommes mouraient, criaient, emballés, entre des hurlements de souffrance :

— Vive la France !

Quelques-uns même de ces blessés mortellement, superbement exclusifs en l’honneur de nuances grandes encore dans la lumière immense du patriotisme à l’action, criaient, et avaient raison :

— Vive la République !

Vive le Roi !

Vive l’Empereur !