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pierre duchatelet

blagueur. Puis, dans une moue de pressentiment, elle ajouta :

— Ô ces raisons techniques !

Et un long baiser d’elle mit une fin délicieuse à ce plus que pénible entretien…

. . . . . . . . . . . . . . . .


— Rataplan, taratata, le jour de gloire est ar-rivé !


Une plaine, villas démantibulées, arbres doublement morts, et par l’hiver, et sous les boulets des deux nations en lutte. D’immenses volées de corbeaux. La pluie et le dégel. Quel froid sale et quel sale froid ! Nom d’une pipe !

Et le bataillon de marche, crâne, chic avec ses couvertes en bandoulière et ses guêtres de toutes fantaisies, arrive, chantant, les mains bleues sur le bois des fusils à l’épaule gauche :


Laïtou, c’te chaleur me lasse,
Laïtou, je r’tir’mon tricot,
Laïtou, j’voudrais bien qu’il passe
Laïtou, un marchand d’coco !


Mais voici le commandant, à cheval, s’il vous plaît, un peu trognonnant, très brandouillant sur son cheval d’omnibus étonné d’être monté, surtout ainsi, — mais, en somme chouette et strict assez sous d’énormes galons blancs et dans des bottes