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pierre duchatelet

psychologique d’un siècle éminemment ironique et sinistre s’il en fut !

Une dernière chose l’avait tout à fait dégoûté, sa condamnation à quarante-huit heures de prison en raison de manques fréquents à l’exercice. Ce qu’il en voulait à son capitaine, un avoué ! de lui être si sévère, et à son chef de bureau pour ne pas l’avoir exempté de ce ridicule par un mot d’excuse !

Il avait été trouver celui-ci, lui expliquant d’un mot son affaire et s’en était attiré la moquerie suivante :

— Eh ! mon Dieu ! cher monsieur, comment voudriez-vous que j’essayasse de vous faire effacer votre prison ? À quel titre, en vertu de quoi ? Vous n’avez pas, au commencement du siège, voulu vous prévaloir de votre qualité d’employé du gouvernement pour éviter le service militaire et selon moi vous avez bien fait. Votre exemple était excellent et trop peu de nos collaborateurs l’ont donné après vous. Je regrette beaucoup, pour ma part, que la nature de mes fonctions ne me permette pas en ce moment de servir mon pays autrement que par des travaux administratifs. Vous comprenez bien que mon autorité ne peut s’exercer en aucune façon dans votre bataillon. Ce serait un conflit intolérable et vos supérieurs me le feraient très justement sentir en me priant de me mêler de mes affaires. Tout ce que je puis faire pour vous est de vous excuser, comme