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louise leclercq

l’apogée et le définitif de sa jeunesse qui lui semblait être et qui était en fait la plus heureuse qu’on pût rêver.

Louise plus profonde, d’une imagination moins fleurie, sentait là une consommation, une consécration, et son bonheur n’en existait que davantage.

Huit ou dix jours passèrent d’enfantillages délicieux. Serait-ce une fille ou un garçon ? Et tous les projets bêtas mais si gentils d’usage. Et un redoublement d’amour et d’amours !

Un matin la pensée de ses parents frappa Louise, tout d’abord à l’endroit sensible…

Les pauvres gens, eux aussi, avaient goûté ce délice quand elle fut conçue, et maintenant !

Et les visions du cœur ! Leur désespoir, peut-être quelque malheur cérébral ou encore pire. Et les réflexions d’après. Ils avaient été si bons pour elle, elle enfant unique, leur joie ! Les avoir quittés si sèchement ! Sans doute, certes, elle referait ce qu’elle avait fait, avouaient ses manières de remords : Léon avant tout, et Léon le verrait ! Mais maintenant, — ici la chrétienne reparaissait, — le devoir aussi, un devoir doux, revoir ces gens qu’elle avait désolés et qu’elle consolerait, ne sacrifier qu’elle-même, faire une part magnifique à Léon — et plaire à Dieu.

Comme Léon, selon son habitude après leur lever, se tenait à genoux les deux coudes sur les genoux