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louise leclercq

avec ses entours. Louise s’enfonçait de plus en plus dans son bonheur. Elle aimait son beau Léon tant et tant ! Sa tendresse, sa bonne humeur, ses petits soins et son obéissance l’enveloppaient, comme son amour toujours en éveil d’ardent gamin promu tendre amoureux la pénétrait. Elle ne pouvait se lasser de le contempler, d’entendre sa voix forte et douce qui ne proférait plus maintenant de vulgarités. Elle se pâmait à ces yeux plutôt petits mais si vifs et voluptueusement fendus que voilait d’une légère humidité le frisson des minutes adorables, à ce nez fin un peu relevé de l’extrême bout, juste assez long, aux ailes vivantes, à cette bouche forte dont la lèvre supérieure un peu surplombante s’ombrait d’une petite ligne de soie noire qui était une moustache, cette bouche à tant de sourires, à tant de baisers savants, ingénus, fous ! Des cheveux courts avec une petite disposition à friser folâtraient en mèches noires sur un beau front blanc moyen, et le menton et la joue et le cou d’une belle carnation un peu vive et de magnifiques dents contribuaient à l’aspect sensuel et irrésistiblement gentil de cette tête tant baisée, caressée à deux mains, bercée sur l’épaule et dans les bras et sur les seins et dans les seins ! dans tous les sens.

Un matin, elle lui dit : je suis enceinte.

Ce fut une joie !

Doucet voyait son couronnement dans ce fait,