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louise leclercq

de l’hommage, et toute bonne volonté devers Louise complétaient la dangereuse métamorphose de Doucet. Est-il besoin de dire que des deux amants c’était Louise qui dominait, et son sérieux quand ils étaient bien entendu, de sang rassis, sa parole calme mais définitivement formulée faisait plier Doucet comme un roseau. Il tremblait de la contrarier, et par suite, de la perdre, et puis ce lui était délicieux de lui obéir !

— Non. Pour toutes les raisons possibles elle ne pouvait, elle ne voulait rester. Elle partirait avec Doucet pour toujours et voici ce qu’elle lui proposa autant dire lui ordonna dans la troisième semaine de leur liaison :

Faire une bourse. Il gagnait deux mille francs et avait une somme de deux cents francs de côté. Elle avait plus encore d’étrennes du dernier jour de l’an et de ses espèces d’appointements comme comptable. Il possédait une chaîne et une montre d’or, elle aussi, plus quelques bijoux, qu’ils pourraient vendre ou engager. Il avait un parent à Bruxelles. Ils iraient là. Elle se placerait comme comptable ou quelque chose d’approchant, lui dans un grand magasin de blanc. On aimait les Français et surtout les Parisiens là-bas. C’était entendu ?

Oui, et la bourse fut faite en huit jours. Le lendemain ils se réunissaient à une heure convenue de l’après-midi à la gare du Nord.