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louise leclercq

tôt. — « Pourquoi donc ? — Une idée comme çà ! — Que le diable soit des femmes avec leurs idées qu’elles ne veulent pas dire ! »

En vérité, sans rien redouter de positif, Mme  Leclercq pressentait un malheur.


II


D’abord Louise s’ennuyait parfois (ceci, comme il a été dit, Mme  Leclercq le gardait pour elle).

Ensuite il y avait un jeune homme.

Le premier jeune homme venu, joli garçon, tout jeune, employé de commerce, suffisamment éduqué dans le chic et dans le toc, qui s’appelait Léon Doucet, et mangeait régulièrement dans la crémerie contiguë à la boutique des époux Leclercq.

Il venait souvent chez ceux-ci acheter des allumettes et une bougie, s’attardant quelquefois à causer, accoudé au comptoir, politique ou « affaires » avec le père, intérieur et popote avec la mère, et chiffons avec la fille, quand celle-ci devait, le soir, à l’heure du dîner, suppléer pour quelques instants ses parents occupés à la table et à la cave, — car il était dans les Docks du Blanc, les grands magasins d’en face, l’un des préposés aux articles pour dames et pouvait causer des mille riens de la lingerie féminine en toute connaissance de cause.