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louise leclercq

et à part ces bêtises d’un esprit droit mais de très court vol, son langage était respectueux de la religion et de la morale, et des plus convenables, des plus plausibles, généralement. Quant à la pratique de la religion, lorsque sa femme lui reprochait d’être inconséquent dans son abstention comparée à ses paroles, « il faut de la religion, même pour les hommes, peut-être même surtout pour eux », il répondait avec une entière bonne foi, — terrible et lamentable au fond : — Que veux-tu, ma bonne, ce diable de commerce !… Quand je serai retiré, certainement.

Mais Mme  Leclercq était la reine des femmes douces ; son portrait sera parfait quand on saura qu’elle joignait à une grande indulgence pour les autres une sagacité sociale des plus remarquables.

Louise avait donc en somme une destinée heureuse que beaucoup d’autres plus riches ou d’une naissance plus haute eussent pu envier. Aimée de ses parents, estimée d’eux, et mise spontanément par eux à la place sinon supérieure, du moins très honorablement spéciale que ses mérites et son acquis lui assignaient à côté d’eux, rien n’eût paru lui manquer, rien à coup sûr ne paraissait à elle-même lui manquer sur cette terre de demi-bonheurs et dans cette peu récréative rue des Dames aux Batignolles.

Cependant à certains jours, quand il pleuvait, par