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louise leclercq

il faut y insister, avec un tact bien rare dans leur classe, de cette heureuse disposition de leur fille et s’arrangèrent pour qu’il parût aller de soi, pour qu’il fût à la fois entendu et sous-entendu que toute lecture oiseuse resterait étrangère à la Ménagère, à la Demoiselle qu’elle était. N’échappaient à cette prohibition tacite et tacitement consentie que les seuls fascicules des Annales de la Propagation de la foi, dont Louise était zélatrice. Ce merveilleux recueil, écrit simplement, rondement, par des hommes d’action dans le plus haut sens du mot, lettrés sans être littérateurs, quelque chose comme les commentaires de César autrement plus militants, inestimable trésor historique et géographique, qui formera plus tard le livre certainement le plus important à tous égards de ce siècle, paraissait aux Leclercq, qui en feuilletaient souvent les livraisons avec le plus naïf et le plus sincère intérêt, tout à fait en rapport avec l’instruction supérieure à la leur de Louise et son éducation religieuse relativement forte : ces excellentes gens, qui participaient largement, on l’a vu et on le verra, aux ignorances de leur caste, à ses préjugés de toute catégorie et de toute saison, à ses entêtements dans la palinodie périodique, du moins n’étaient pas devenus irréligieux, au milieu de la dégringolade morale de ces dernières années dans ces régions peu intellectuelles. Sans jamais avoir pratiqué depuis ses quinze ou seize ans sonnés, —