Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, III.djvu/431

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LX

À MON AMIE EUGÉNIE

POUR SA FÊTE


Contrariante comme on l’est peu, nom de Dieu !
Tu n’en fais qu’à ta tête — et moi rien qu’à la mienne
Non plus — et je suis tel que je suis, quelque peu
Que je sois, et j’y reste en dépit de la tienne

De tête, et, nom de Dieu ! j’adorerais ce jeu,
S’il ne me tuait pas en manière de tienne
Plaisanterie et de ta part et de la mienne,
Je dis un peu ce qu’il faut dire, nom de Dieu.

Je ne suis pas ni comme il faut, ni de génie,
Mais je me souviens qu’on te prénomme Eugénie,
Et je me rappelle aussi que c’est aujourd’hui

Ta fête, et qu’il faut encore que je la souhaite,
En dépit de nos torts de femme et de poète,
Et je t’envoie, ô, ce sonnet fait aujourd’hui.


14 novembre 1894.