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élégies


MOI

Enfin, modère-toi, chère, dans les dépenses.
La galette n’est pas ce que, vaine, tu penses :
Elle a des hauts et des bas et surtout des bas ;
Que de braves reculs, que de lâches combats
Vis-à-vis de maints éditeurs, gent redoutable,
Juste pour la couchette et juste pour la table.
Parbleu, j’aime le luxe aussi. Je n’en dors pas
D’aimer le luxe des habits et des repas
Et des lampas et des lambris et tout le diable !
Et même cette dèche implacable, effroyable
Où se débattent mes courages presque en vain,
Courage de la soif, courage de la faim
Et du froid et du chaud, la faute à qui ? Peut-être,
— Autant qu’on peut juger de son propre Bicêtre,
Un tantinet à moi, sans compter les amis
De l’un et de l’autre sexe, — et quelques ennemis.
Mais surtout, mais surtout à mon amour du faste.
J’aimais qu’un bon dîner remplit ma panse vaste,
Qu’un bon lit, trop étroit, me dit d’être galant,
Serrer la main aux pauvres hommes de talent.
Enfin acheter des dessins et des gravures
Et, l’avouerai-je ? me payer des gravelures
Japonaises ou dix-huitième siècle, et, ce
M’a nécessairement conduit…

TOI

M’a nécessairement conduit…Arrêtez-le ?