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invectives

Autant dire à l’aigle des cieux :
Fais ton aire dans le bocage
En attendant la bonne cage
Et l’esclavage et son bagage.
Autant braver l’ire des dieux !

Et quant à l’Art, c’est une offense
À lui faire dès à l’avance
Que de le soupçonner ingrat
Envers la terre maternelle,
Et sa mission éternelle
D’enlever au vent de son aile
Tout ennui qui nous encombrât.

Il nous console et civilise,
Il s’ouvre grand comme une église
À tous les faits de la Cité.
Sa voix haute et douce et terrible
Nous éveille du songe horrible.
Il passe les esprits au crible
Et c’est la vraie égalité.

Ô Metz, mon berceau fatidique,
Metz, violée et plus pudique
Et plus pucelle que jamais !
Ô ville où riait mon enfance,
Ô citadelle sans défense