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XCVII

AU GÉRANT DU MÜLLER


Vous êtes nancéien et moi je suis messin :
Vive donc à jamais cette vieille Lorraine
Qui nous vit naître et nous réchauffa dans son sein
Et dont, fils pieux, nous baisons le front de reine.

Captive, en attendant l’heure où le duc tocsin,
Le pur tocsin à la voix terrible et sereine,
Âpre cri de gorgone et doux chant de sirène,
Dictera le devoir messin et nancéien.

— En attendant encor, hôte de la grand’ville,
Malgré ton délice, ô bon « cru » de Tantonville
Et tout ce que Munich vend de nectar trop clair

Et tout ce que Dublin et tout ce que Bruxelles
Brassent à l’intention de nos escarcelles,
L’heure de savourer la bière de Müller.