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I


À mon âge, je sais, il faut rester tranquille,
Dételer, cultiver l’art, peut-être imbécile,
D’être un bourgeois, poète honnête et chaste époux,
À moins que de plonger, sevré de tout dégoût,
Dans la crapule des célibats innommables.

Je sais bien, et pourtant je trouve plus aimables
Les femmes et leurs yeux et tout d’elles, depuis
Les pieds fins jusqu’aux noirs cheveux, nuit de mes nuits,
Car les femmes c’est toi désormais pour la vie,
Pour moi, pour mon esprit et pour ma chair ravie,
Ma chair, elle se tend vers toi, pleine d’émoi
Sacré, d’un bel émoi, le feu, la fleur de moi ;
Mon âme, elle fond sur ton âme et s’y fond toute,
Et mon esprit veut ton esprit.

Et mon esprit veut ton esprit.Chérie, écoute
Moi bien : Or je suis vieux ou presque, et Dieu voulut
Te faire de dix ans plus jeune, dans le but