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JADIS ET NAGUÈRE

Pardon de son péché si grand, si cher encore,
Bien qu’elle croie au fond du cœur qu’elle l’abhorre.

Comme elle relevait son front d’entre ses mains,
Elle vit Jésus-Christ avec les traits humains
Et les habits qu’il a dans les tableaux d’église.
Sévère, il regardait tristement la marquise,
La vision flottait blanche dans un jour bleu
Dont les ondes, voilant l’apparence du lieu,
Semblaient envelopper d’une atmosphère élue
Osine qui semblait d’extase irrésolue
Et qui balbutiait des exclamations.
Des accords assoupis de harpe de Sions
Célestes descendaient et montaient par la chambre,
Et des parfums d’encens, de cinnamome et d’ambre.
Fluaient, et le parquet retentissait des pas
Mystérieux de pieds que l’on ne voyait pas,
Tandis qu’autour c’était, en décadences soyeuses,
Un grand frémissement d’ailes mystérieuses
La marquise restait à genoux, attendant.
Toute admiration peureuse, cependant.

Et le Sauveur parla :
Et le Sauveur parla :« Ma fille, le temps passe,
Et ce n’est pas toujours le moment de la grâce.
Profitez de cette heure, ou c’en est fait de vous. »

La vision cessa.