Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, I.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
SAGESSE


Et toujours un lâche abrité
Dans mes conseils qu’il environne
Livrait les clés de la cité.

Que ma chance fût male ou bonne,
Toujours un parti de mon cœur
Ouvrait sa porte à la Gorgone.

Toujours l’ennemi suborneur
Savait envelopper d’un piège
Même la victoire et l’honneur !

J’étais le vaincu qu’on assiège,
Prêt à vendre son sang bien cher,
Quand, blanche en vêtements de neige,

Toute belle au front humble et fier,
Une dame vint sur la nue,
Qui d’un signe fit fuir la Chair.

Dans une tempête inconnue
De rage et de cris inhumains,
Et déchirant sa gorge nue,

Le Monstre reprit ses chemins
Par les bois pleins d’amours affreuses,
Et la dame, joignant les mains :